Les tallons aiguilles, tout un concept…un ami à elle lui à dit un jour avec toute la conviction du monde : « une femme sans tallons aiguilles c’est exactement une fleure sans pétales car les tallons aiguilles sont à la femme ce que la dentelle fine est à un corsage nuptial.
Elle a toujours été intriguée par les convictions que peuvent développer certaines personnes. d’autant plus que ses intrigues se décuplaient non seulement à la vue de la conviction que manifestaient ses semblables à croire leurs propres convictions, mais encore à éprouver cette notion de « préférence »dont elle ignorait le sens, les règles du jeu. A vrai dire, elle n’éprouvait de préférence pour rien. Elle aimait tout. Elle préférait tout.
Si elle aimait la musique douce, elle adorait également les rythmes saccadés de la techno. Si elle se délectait de la vue d’un couché de soleil pendant lequel cette étoile brulante rougissait de pudeur à la pensée de nous quitter pour passer une nuit chavirant aux bras de son amant secret, elle aimait contempler le mouvement effréné et assourdissant qu’offrait l’avenue Habib Bourguiba et la foule qui arpentait ses sentiers. Si elle excellait à se trémousser sur des notes cubaines enflammées, elle manifestait une énergie époustouflante à suivre le rythme soutenu de la musique folklorique qui animait les festivités des nuits tunisiennes. Si elle soutenait avec acharnement le capitalisme, la droite politique, elle arrivait tout à fait à comprendre la cause syndicale et même à y adhérer.
Bref, elle se disait que ses gouts étaient vraisemblablement éclectiques. Mais demeurait une question qui la déstabilisait à chaque fois ou elle s’était trouvée engrenée dans une discussion hasardeuse : quel est ton genre de …?
Est-on condamné à toujours se figer dans un genre précis ?y a-t-il en fait des genres préétablis, des tiroirs prédéfinis dans lesquels une main invisible s’appliquerait à nous y caser dès le moment ou notre éveil à la vie prend effet. Et si l’envie de changer de camp nous prenait inopinément ?un changement de cap, d’orientation ?aurions nous une deuxième chance, une nouvelle destination ? Et ces êtres particuliers qui défient toute classification ?avaient ils égaré le chemin de leurs « tiroirs genre » ?
Le téléphone sonne. - Allo, oui maman ? - oui, fais attention à toi !! la route est glissante. Pourquoi n’as-tu pas attendu ton frère pour t’accompagner ? - Il tardera à rentrer et je suis déjà en retard. Ne t’inquiète pas !! j’ai mis mes ballerines noires au lieu de mes tallons aiguilles. Ils me seront plus souples pour freiner en temps utiles. (Car il est bien connu qu’à la vue d’un danger, la meilleure des solutions est indéniablement de freiner. Une notion élémentaire qui n’a pas pu échapper, bien évidemment, à la sagesse féminine. ) - Tant mieux…la route est glissante. fais attention à toi en conduisant et ne rentre pas tard. (elle savait très bien pourtant que ces derniers mots n’allaient changer en rien l’heure de retour de sa petite fille, mais comment pouvait elle résister à sa réplique fétiche? « C’est le cœur d’une mère », vous répondra t elle.) tu fais quoi maintenant ?tu conduis ? - Oui maman, je suis presque arrivée au salon. - Raccroche…t-ai-je pas répété à maintes reprises de ne jamais décrocher le téléphone en conduisant ? - Mais maman…oui…tu as raison !!
Sa maman, un personnage ! Il est vrai que je viens tout récemment de faire la connaissance de Sarrah, mais ça fait déjà un bout de temps que je côtoyais sa famille. Confidences de vous à moi !! À une certaine époque, je m’étais attachée à croire qu’Omar était l’homme parfait…ah…Omar, c’est son frère. Et ça se prononce : Oumar. Ne jamais se tromper à épeler son prénom ! Sinon, c’est peine perdue d’avance car écorcher son nom, c’était pour lui la pire injure que vous pouvez commettre à son égard. C’était un homme impressionnant. Il avait un an de mois que sa sœur, mais déjà une personnalité bien trompée qui conciliait harmonieusement entre sa virilité apparente et sa sensibilité transparente. C’était un loup solitaire. Je ne lui ai jamais connu de conquête en dehors de cette jeune femme…elle s’appelait Farida ou peut être Moufida !! Je ne sais plus…ce dont je me souviens très bien c’est qu’un F flânait dans son nom. Il lui demanda un jour ce qu’est l’amour ? Pour gagner du terrain et profiter quelques minutes de hors jeu ou elle pouvait élaborer sa stratégie de riposte, elle lui relança la balle. - d’abord toi ! - Je ne ferais que reprendre les paroles sages d’un vieux savant : « l’amour c’est un je ne sais quoi, qui vient de je ne sais ou et qui finit je ne sais quand» Ses mots l’émurent plus que jamais et il fut décidé par elle que leur couple allait tenir pour la vie. Leur idylle n’aura duré que le temps d’un printemps car elle s’est rendue compte qu’il ne faisait pas partie de « son genre »…et oui, mademoiselle F avait « son genre » !!
Mais en fait, petits malins…je me laisse aller, et vous n’intervenez pas !! On était sensé ne parler que de Sarrah…Sarrah et son rendez vous. Il pleuvait des cordes. Le bistro n’avait pas changé d’une once de ce qu’il fut auparavant… et pourtant !!
I saw the night coming up breaking through daylights, fighting for the rise of darkness; feeding up gods’ blindness.
I can feel their rage. I saw them delivered, seeking a final revenge, awaiting vengeance, breaking centuries of silence. Your world is coming to an end, your faith is useless, your weapons are worthless, and your suffering will be endless,
Surrender, Resistance is futile. Abdicate, Chaos is imminent. Forsake, You’re powerless.
You’ve got to believe me. ‘cause I’m the one who brought them back, fed them with his choler, taught them his rancor, gave them his insanity, and wrote their destiny.
They’re almost here. Shadows are near. They’re almost here. I can feel your fear. They’re already here.
Il était là, il me regardait et ne s’en ira pas. A quoi bon résister, crevé comme je suis, anéanti, las, ébranlé, invalide. « Bonjour la Bête ! Tu sais que je peux te vaincre ? ». Mensonge, boniment, illusion, Mes armes sont déjà à terre, baignée dans mon sang impur, dans mes larmes sournoises et ma terreur incommensurable. « Pitié, voilà la vérité : Je ne peux te combattre, mon épée est rouillé, mon bouclier est disloqué et mon courage a déserté. Je ne peux te soudoyer. Tes semblables m’ont déjà dépouillé. Mon âme ? Je l’ai déjà cédé à un démon qui se nommait Espoir qui m’a laisser croire qu’il en ferait bon usage. Mais à présent je sais que ce n’est qu’un escroc aux allures de bienfaiteur. Pitié, oserais tu t’attaquer à un homme désarmé, acculé au bord d’un abysse sempiternel prêt à l’absorber ? » Silence. « Je comprends, tu es la pour ça, pour finir le travail. Ils savaient que je résistais encore et te voilà pour m’achever. » Silence. «Fais ce que tu as à faire. Mais avant enlève ton masque, laisse moi voir ton visage. Parle moi, apprends moi ton nom ». Il s’exécuta, ôta son masque et je vis mon visage. « Ceci est mon visage et on m’appel Le Doute ». Un brouillard épais se leva, ma vu s’assombrissait de plus en plus. La terre semblait s’enflammer et lacérer ma chair meurtri. Ma respiration devint saccadée et je ne pus prononcer parole. Il était encore là, mais cette fois il me tenait à la gorge. Je sentis une morsure au torse. S’en était fini, il avait injecté son venin. Je le sentais couler dans mes veines, ardent, lancinant, et délectable à la fois. Je sombrais délicatement dans un bien être démesuré, la chaleur se fit une douce brise, la brume lumière et la douleur extase. J’étais absorbé par un ailleurs aux allures inconnues, par mes fantasmes les plus pervers et par mes peurs les plus aiguës.